Premier ministre

Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes

  • Envoyer à un contact
  • Imprimer l'article
  • Agrandir le texte
  • Diminuer le texte

Edito #11 - De l’importance d’articuler la lutte contre les violences faites aux femmes avec l’éducation à l’égalité filles-garçons


Edito de Danielle Bousquet, Présidente du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes


S’il
y a des violences faites aux femmes, c’est qu’il y a des auteurs qui
violentent les femmes, précisément parce qu’elles sont des femmes. Des
discours réactionnaires ambiants – aux porte-voix très médiatiques –
voudraient partager à égalité la responsabilité des violences de
genre par une opération rhétorique et de « passe-passe » qui occulterait
opportunément le phénomène de domination masculine et la responsabilité
des hommes auteurs. En 2013, 121 femmes et 25 hommes[1]
sont morts sous les coups de leur conjoint-e ou de leur ex-conjoint-e.
En 2012, 65% des hommes tués étaient auteurs de violences sur leur
conjointe[2].
 
Il
convient au contraire de reconnaître qu’il y a des auteurs de
violences, de permettre que justice soit rendue, de travailler à ce
qu’ils ne récidivent pas, et de faire que les générations futures soient
porteuses d’égalité et de respect plutôt que de violences.
 
Il
est ainsi bienvenu que soient articulées en ce 25 novembre la prévention
et la lutte contre les violences faites aux femmes avec l’égalité entre
les filles et les garçons à l’école.
 
La priorité donnée à ces
deux politiques publiques fondamentales est fortement réaffirmée
aujourd’hui par tout le Gouvernement (Affaires Sociales, Santé et Droits
des femmes ; Éducation nationale et Enseignement supérieur ;
Intérieur ; Justice). Le plan interministériel de prévention et de lutte
contre les violences faites aux femmes (2014-2016) se met en œuvre et
affiche de 1ers résultats au tiers du chemin (développement du numéro
d’appel anonyme et gratuit 39 19 ; formation des professionnel-le-s ;
etc.). Et le plan d’action pour l’égalité entre les filles et les
garçons à l’école, présenté en juin 2014, se déploie (création d’un site de ressources dédié au plan ; séminaire de formation des cadres de l’Éducation nationale ; etc.).
 
Le
moment venu, et conformément aux missions qui lui ont été confiées, le
Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes évaluera la mise
en œuvre de ces deux plans et l’atteinte des objectifs fixés. Certains
des objectifs et des échéances méritent aujourd’hui d’être précisés. Et
dès à présent, dans la poursuite du rapport EGAliTER (égalité f-h &
égalité territoriale), le HCEfh demande à ce qu’aucun territoire ne soit
oublié, et à ce que l’hétérogénéité des femmes soit prise en compte
(selon l’âge, l’éventuelle situation de handicap, l’origine, le
territoire, etc.). La mise en œuvre de ces plans d’action doit en effet
servir à réduire non seulement les inégalités entre les femmes et les
hommes, mais aussi celles entre les territoires et celles entre les
femmes elles-mêmes. Si les violences faites aux femmes traversent tous
les milieux et concernent tous les territoires, leur prise en charge est
en revanche loin d’être homogène sur l’ensemble du territoire français,
y compris dans les Outre-Mer. Les inégalités d’accès à une gendarmerie
ou à un commissariat, à une association spécialisée, à des structures de
prise en charge, à du personnel formé, sont réelles.
 
Danielle Bousquet



[1] Ministère de l’Intérieur, Délégation aux victimes (rapport 2013) in Chiffres clés 2014. Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Thème 6 p.2 et Ministère des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports - Ministère de l’intérieur.
[2] Insee-ONDRP, enquêtes "cadre de vie et sécurité" de 2010 à 2012 in La lettre de l’Observatoire des violences faites aux femmes - n°1 - Nov.2013