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Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes

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Edito #2 de Danielle Bousquet, Présidente du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes

Des
menaces graves et répétées pèsent aujourd’hui sur le droit des femmes à
avorter en Europe. La liste est préoccupante, et n’a cessé de
s’allonger ces derniers mois : Espagne, Italie, Lituanie, Macédoine,
Hongrie, alors qu’en Pologne, à Malte et en Irlande l’avortement est
toujours illégal.

En Espagne, le gouvernement de Mariano Rajoy prépare un texte qui
reviendrait à pénaliser de nouveau l’avortement, même dans les cas les
plus tragiques (malformation du fœtus par exemple). C’est un retour en
arrière de plus de 25 ans qui renvoie à la loi franquiste d’avant 1986.
En Italie, la part des médecins refusant aux patientes une IVG parce
qu’ils usent de « l’objection de conscience », se situerait entre 70% et
80%. Cela rend l’accès au droit à l’IVG très difficile, et explique que
le nombre d’avortements clandestins, mettant la vie des femmes
concernées en péril, s’accroit dangereusement.
En Lituanie, qui prendra la présidence de l’UE au second semestre 2013,
le Parlement a introduit le 28 mai dernier une proposition de loi
prévoyant l’interdiction de l’avortement. L’IVG étant autorisée
aujourd’hui sans condition jusqu’à 12 semaines de grossesse, de
nombreuses polonaises franchissent la frontière pour faire une IVG.

Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes entend
s’engager fortement dans la défense du droit à l’avortement, qui n’est
ni un « droit low cost » ni un « droit yoyo » ! Il est un droit
humain inaliénable, qui n’a pas à varier au gré des crises, qu’elles
soient politiques, identitaires, ou sociales.

Alors que les femmes, en prise avec les reculs de leurs droits - et
notamment sexuels et reproductifs – attendent beaucoup de l’Europe, nous
assistons trop passivement aux victoires des intégristes religieux,
intégristes que l’on est pourtant si prompts - et à juste titre - à
dénoncer de l’autre côté de la Méditerranée.

C’est une question fondamentale de droits des femmes. Nous continuerons
d’alerter et d’interpeller François Hollande et les dirigeants
européens sur la situation, afin de réaffirmer fortement le droit de
toutes les femmes européennes à disposer de leurs corps.