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Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes

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Actualités

Un meurtre sur cinq est le résultat de violences au sein du couple en France : loin d’être des « fait divers », c’est une question politique centrale.

23 novembre 2015

Le 25 novembre marque la Journée internationale pour l’élimination de toutes les formes de violences à l’encontre des femmes. Isabelle, Sylvie, Amina, Elisabeth, Géraldine, Samia, Martine,
… depuis 2006, 1 259 femmes ont été assassinées partout en France par
leur conjoint ou ex-conjoint (Ministère de l’Intérieur, Délégation aux
victimes, 2006-2014 [1]). Les meurtres imputables aux violences au sein du
couple représentent près d’1 meurtre sur 5 commis en France [2].

Ces
meurtres résultent d’histoires toutes singulières. Mais ils sont tous
liés par un même type de violence : des violences sexistes faites aux
femmes parce qu’elles sont des femmes [3]. C’est cela que l’on nomme aussi « violences faites aux femmes », « violences de genre » ou « féminicides ».
Ces violences s’inscrivent dans un système de domination qui fait des
femmes des « êtres inférieurs » et non des égales. Ces violences génèrent et maintiennent des inégalités entre les femmes et les hommes dans tous les domaines.
Il
ne pourra y avoir d’égalité entre les femmes et les hommes tant que les
violences faites aux femmes continueront à faire système, tant que ces
violences continueront à alimenter l’insécurité des femmes, entraver
leur liberté, affecter leur santé. Mais également celles des enfants :
143 000 enfants vivent dans des ménages où des femmes adultes sont
victimes de violences conjugales, physiques et/ou sexuelles [4]

Depuis 2000, le phénomène est de mieux en mieux connu. L’« enquête sur les violences envers les femmes en France » (ENVEFF)
a été fondatrice et a progressivement permis de lever le silence.
Depuis, de nombreuses autres enquêtes montrent - au-delà des violences
dites « conjugales » - la diversité des violences faites aux femmes,
comme leur coût humain, social et économique pour la société. Elles sont
de nature physique, sexuelle, psychologique ou économique, dans
l’espace privé ou public. La dernière lettre de l’Observatoire national
des violences faites aux femmes fait le point sur les chiffres les plus
récents dans ce domaine.

Depuis près de 10 ans, plusieurs lois furent
adoptées - notamment les lois du 9 juillet 2010 et du 4 août 2014 -, et
quatre plans interministériels ont été engagés. Face au bilan accablant
des violences faites aux femmes, le 4ème plan interministériel fut adopté en 2014. Sa mise en œuvre,
pour qu’elle produise tous ses effets d’ici fin 2016, doit passer par
une mobilisation amplifiée de l’ensemble de la société : services de
l’Etat, collectivités territoriales, entreprises, associations, médias…
et de chacun.e d’entre nous. Ce plan triennal a prévu, pour la 1ère
fois et dès sa conception, l’intégration d’une démarche d’évaluation.
C’est un élément essentiel de la réussite d’une politique publique.
Chargé de cette évaluation, le HCEfh que je préside y travaille.

Non, les violences faites aux femmes ne sont pas des faits divers, mais une question politique de première importance.

Danielle BOUSQUET
Présidente du HCEfh