La parité réelle n’est pas encore atteinte aux postes clés de la décision publique
Malgré la nomination d’Elisabeth Borne en tant que Première ministre, engagement fort que le HCE tient à saluer, le nouveau gouvernement n’échappe pas à une parité de façade. Si l’on compte une parité stricte (21 femmes et 21 hommes) au sein du nouveau gouvernement, la répartition des ministères répond, dans la continuité des précédents gouvernements, à des biais de genre et à des stéréotypes de sexe : 4 hommes sont à la tête des 5 ministères régaliens, 7 femmes des 9 ministères sociaux (santé, culture, famille, enfance, handicap, jeunesse…).
Derrière la parité purement quantitative se joue aussi la parité de responsabilité : 9 des 10 secrétariats d’Etat sont tenus par des femmes, contre 5 sur 16 de plein exercice, permettant d’atteindre une parité purement arithmétique. Si nous saluons le maintien d’Isabelle Rome, ancienne membre du HCE, à la tête du ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, ce dernier n’est toujours pas un ministère de plein exercice.
Une logique identique à l’Assemblée
Même répartition à l’Assemblée nationale, puisque derrière la présidence féminine incarnée par Yaël Braun-Pivet, on constate pour la première fois depuis 1988 un recul de la place des femmes, qui occupent désormais à peine plus d’un tiers (37,3%) des sièges. Aussi, seules 2 des 8 commissions permanentes sont présidées par des femmes ; et sur des portefeuilles genrés – affaires culturelles et éducation ; affaires sociales. Seules 3,5 de femmes dirigent un des 10 groupes parlementaires.
Dans l’ombre, la parité n’est pas instaurée
Une attention doit également être portée sur les cabinets politiques, zones blanches de la parité : comme le rappelle le rapport Sexisme 2022 du HCE, les directions de cabinets sont encore à très forte majorité masculine - on compte à peine 20% de femmes ces 5 dernières années. Cette répartition semble se confirmer pour les 5 prochaines, sous réserve de changements éventuels dans les nominations à venir.
Pour garantir une meilleure représentation des femmes en politique et lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans le milieu politique, qui sous-tendent en partie ce déséquilibre, le HCE conduira ces prochains mois un travail approfondi sur la parité et l’égalité dans la sphère politique nationale – Présidence, ministères, Assemblée nationale, Sénat – et la composition des cabinets ministériels, à travers la publication d’un rapport dédié prévu à l’automne 2022.