Le Haut Conseil à l’Egalité travaille depuis plusieurs mois sur les problématiques d’accès aux soins et à la santé des femmes précaires. Renoncement aux soins, non recours aux droits (CMU ou AME), échec des campagnes de prévention en matière de dépistage des cancers génitaux…les femmes précaires ont une santé dégradée par rapport à la population globale. La défiance vis-à-vis des institutions, les temps de transports, les déserts médicaux et les difficultés dans l’ouverture administrative des droits sont autant de freins qui retardent leur accès aux soins. Pour proposer une approche de la santé plus globale et mieux adaptée, des professionnel.le.s se regroupent au sein de centres de santé innovants.
Dans le cadre de ses recherches pour son rapport sur l’accès aux soins des femmes en situation de précarité, les membres de la Commission « Santé des femmes, droits sexuels et reproductifs » du Haut Conseil à l’Egalité ont rencontré, le 6 décembre 2016, l’équipe pluri-disciplinaire du centre de santé La Place Santé à Saint-Denis.
Pour répondre au manque d’offres de soins et au difficile accès aux droits des quelques 13 000 habitant.e.s du quartier des Francs-Moisins, le centre a mis en place des solutions originales en santé « communautaire », se basant sur les besoins exprimés par les habitant.e.s, notamment dans le cadre du Comité Habitants Usagers Citoyens (CUCS). Des initiatives similaires, encore rares et inspirées d’expériences québécoises, se développent en France, comme La Case de Santé à Toulouse, auditionnée par le HCE le 16 novembre 2016.
La Place Santé a également développé des dispositifs spécifiques à destination des femmes : suivi gynécologique, personnel formé dans la détection et l’accompagnement des femmes victimes de violences, information sur l’avortement et réalisation d’IVG médicamenteuses, information sur le frottis via une plaquette réalisée avec les usagères, ateliers pour répondre à leurs questions en matière de santé, partenariat avec le centre de protection maternelle et infantile (PMI) du quartier… Les femmes du quartier, dont beaucoup vivent seules avec des enfants, y trouvent une approche globale en santé, à la fois sur le plan social et sur le plan médical.
Le centre compte 21 salarié.e.s alliant expertise sociale et médicale, avec notamment 6 médecins généralistes, dont la moitié sont titulaires d’un diplôme universitaire gynécologie/régulation des naissances, 4 médiatrices en santé et une musicothérapeute qui pratiquent chaque année près de 13 000 actes médicaux et 1 300 entretiens en médiation, auprès d’une patientèle majoritairement composée de femmes.
L’approche développée depuis plus de 20 ans par l’association communautaire santé bien-être (ASCBE) et les actions qu’elle a développé au travers du centre de santé « La Place Santé » viendront nourrir l’état des lieux et les recommandations que produira le Haut Conseil à l’Egalité dans le rapport qui devrait être rendu public dans les mois qui viennent.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter leur site Internet : acsbe.asso.fr