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Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes

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Actualités

La lutte contre le système prostitutionnel : une priorité du Haut Conseil à l’Egalité partagée avec la députée féministe israélienne Tamar Zandberg

9 décembre 2013

Rencontre au Haut Conseil à l’Egalité entre Danielle Bousquet et la députée israélienne Tamar Zandberg, le 27 novembre 2013.

Le 27 novembre 2013, Madame Tamar ZANDBERG, députée israélienne de 37 ans, membre du parti Meretz[1] et dont l’engagement féministe est reconnu, a rencontré la Présidente du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Madame Danielle BOUSQUET. A cette occasion, ces dernières ont pu échanger sur la nécessité de considérer la prostitution comme une violence faite aux femmes. Le Haut Conseil se réjouit de cette rencontre fructueuse et constate que la lutte contre le système prostitutionnel, notamment par la responsabilisation des clients, est un engagement féministe de premier plan qui résonne au-delà de nos frontières nationales.

Le Programme d’Invitation des Personnalités d’Avenir, organisé par le Ministère des Affaires Etrangères, dans le cadre duquel Madame Tamar ZANDBERG était en France, permet chaque année à une centaine de personnalités étrangères du monde politique, scientifique ou de la société civile, promises à une future position d’influence dans leur pays, de rencontrer des personnalités françaises partageant les mêmes engagements et les mêmes centres d’intérêt, afin de favoriser les échanges et la création de liens privilégiés avec notre pays.

Compte-rendu de la rencontre :

Quelle est votre positionnement sur le sujet de la prostitution et celle du parti Meretz auquel vous appartenez ?

En Israël la prostitution n’est pas considérée comme un crime, les personnes prostituées ne sont donc pas criminalisées, mais le proxénétisme et le trafic de prostituées sont condamnés par la loi. Je suis personnellement en faveur de la pénalisation des clients des prostituées, et c’est la ligne adoptée par mon parti. Je soutiens donc pleinement la proposition de loi française en cours d’examen parlementaire. La députée et cheffe de notre parti, Zahava Gal-On, a été à l’origine de la première proposition de loi sur la pénalisation des clients, approuvée lors d’un vote anticipé à la Knesset (le Parlement israélien) en 2012. Avec les élections législatives de janvier 2013, la discussion n’a pu être poursuivie, mais mon parti envisage prochainement de remettre ce sujet à l’ordre du jour. Nous espérons que le vote de cette loi aura un rôle pédagogique en faisant prendre conscience qu’il n’est pas possible d’acheter des rapports sexuels. Pour mon parti, cette question rejoint le débat qui se joue autour des mères porteuses : le corps des femmes n’est pas à vendre.

Le débat sur la pénalisation des clients de prostituées dépasse le spectre habituel des partis politiques et rassemble en France des personnes de tous bords politiques. Est-ce aussi le cas en Israël ?

Tout à fait. Ce sujet dépasse les clivages traditionnels entre les partis politiques, mais il faut conserver une analyse fine et intelligente pour éviter les raccourcis trop hâtifs. Ce ne sont pas les mêmes raisons qui nous mobilisent. A gauche, c’est la perspective féministe qui l’emporte et qui justifie ce positionnement. A droite de l’éventail politique, nous avons les libéraux, les religieux et les conservateurs. Les libéraux sont opposés à la pénalisation en invoquant le prétexte de la « liberté de se prostituer ». Les religieux refusent souvent de prendre position car le sujet est « immoral ». Quant aux conservateurs, il est vrai que nous nous rejoignons et que nous pouvons nous soutenir mutuellement sur ce sujet.

Le modèle Suédois qui est au cœur des discussions en France est-il souvent invoqué dans le débat en Israël ?

Oui, les mesures prises par la Suède en matière de prostitution sont bien connues en Israël et mon parti les considère comme un exemple à suivre. De même, nous connaissons bien l’orientation prise par l’Allemagne et son modèle réglementariste, avec lequel nous sommes en désaccord.

La pénalisation du client est indispensable pour responsabiliser les acheteurs d’actes sexuels, assécher la demande, et je suis convaincue qu’il s’agit d’un premier pas dans la bonne direction pour un monde sans prostitution. Par ailleurs, le combat contre les violences faites aux femmes doit être mené sur tous les fronts, et il faut noter en ce sens qu’Israël dispose depuis 1998 d’une très bonne loi sur la prévention du harcèlement sexuel au travail, qui a d’ailleurs été rédigée par une étudiante de Catherine McKinnon, la célèbre féministe et juriste américaine.




[1] Le parti Meretz est un parti de gauche, laïc et social-démocrate.