CP - 4ᵉ Conférence ministérielle sur la diplomatie féministe – entre alerte et espérance
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COMMUNIQUE DE PRESSE DU 3 NOVEMBRE 2025
4ᵉ Conférence ministérielle sur la diplomatie féministe – entre alerte et espérance
Les 22 et 23 octobre 2025, la France a accueilli à Paris la 4ᵉ Conférence ministérielle sur les politiques étrangères féministes, rassemblant ministres, diplomates, organisations internationales et représentant.e.s de la société civile.
Dans un contexte géopolitique tendu, cette rencontre a démontré une dynamique d’ampleur : 31 États ont adopté la Déclaration politique commune de Paris sur l’égalité de genre, la promotion des droits humains des femmes et des filles, et le renforcement d’une approche féministe de la politique étrangère.
Cet engagement collectif affirme que les droits des femmes sont au cœur des démocraties et de la paix mondiale. La diplomatie féministe, née de la conviction que l’égalité est un vecteur de sécurité et de stabilité, s’y affirme désormais comme une réponse politique aux crises contemporaines, du climat aux conflits armés, des atteintes aux libertés à la montée des autoritarismes. La Déclaration de Paris s’articule autour de huit axes structurants :
Respecter, protéger et promouvoir les droits humains de toutes les femmes et filles, dans leur universalité et leur interdépendance.
Faire de la lutte contre les violences de genre une priorité nationale et internationale, y compris dans l’espace numérique.
Engager les hommes et les garçons comme alliés de l’égalité, en transformant les masculinités et les rapports de pouvoir.
Soutenir les organisations féministes et la société civile, premières gardiennes des droits fondamentaux.
Garantir les droits sexuels et reproductifs, notamment l’accès à une santé maternelle complète et à l’avortement sécurisé.
Reconnaître la diversité des formes familiales, dans le respect du bien-être et de l’épanouissement des enfants.
Assurer la pleine participation des femmes et des jeunes dans toutes les sphères du pouvoir politique, économique et social.
Instaurer une culture féministe au sein des administrations et de la diplomatie, pour que l’égalité devienne réflexe d’action publique.
Alors qu’elle accueillera le G7 en 2026, la France devra affirmer avec clarté et audace sa capacité à porter la voix de l’égalité face aux vents contraires ; elle doit en faire une tribune féministe assumée, capable de replacer la question de l’égalité des genres au centre des enjeux économiques, climatiques et de sécurité internationale. Cette approche transversale du genre, appliquée à la gouvernance mondiale, pourrait constituer l’alternative la plus crédible et la plus moderne aux modèles d’influence fondés sur la domination.
Ce backlash n’est pas une fatalité.
Il est le signe de la puissance du mouvement féministe international : c’est parce que nos conquêtes dérangent les milieux réactionnaires qu’elles sont combattues.
Face à cette offensive, la réponse doit être à la hauteur du danger : collective, courageuse et structurée. Le Haut Conseil à l’Égalité appelle donc à :
renforcer le soutien politique et financier aux organisations féministes et aux organisations internationales qui œuvrent en faveur des femmes et des réfugié.e.s (HCR, FNUAP, CEDAW…), en France comme à l’étranger ;
maintenir un langage diplomatique clair et sans compromis ;
intégrer systématiquement l’approche féministe dans la diplomatie, la coopération et les instances multilatérales ;
protéger l’espace civique, garant indispensable de la démocratie et de la liberté d’association.
Les exemples venus d’Argentine, où malgré la montée au pouvoir de l’extrême droite, les mouvements féministes persistent avec détermination, rappellent que l’espoir réside dans la persévérance des sociétés civiles.
Cette 4ᵉ Conférence marque à la fois une alerte et un espoir.
Alerte, car les forces réactionnaires s’organisent avec une efficacité et un soutien redoutable ; espoir, car jamais une telle alliance internationale pour les droits des femmes n’avait été aussi large, lucide et déterminée.
Le HCE salue cet élan et appelle à le prolonger dans les faits, au sein du G7 comme dans toutes les arènes multilatérales.
Contact presse :
Kevin PELLE, kevin.pelle@pm.gouv.fr, 06 63 42 20 67